Compte-rendu de la visite des fouilles de Saint-Colomban
Le samedi 15 janvier 2011
Par le Groupe Régional INSA Franche-Comté
Visite organisée par Carine JORIOT et les ingénieurs INSA avec participation de l’URIS de Franche-Comté.
Lieu - Horaire : Rendez-vous est donné ce samedi 15 janvier 2011 à 11h30 à Luxeuil-les-Bains (70) – 19 Avenue Labienus – à l’Hôtel Mercure.Il faut Une heure de covoiturage depuis Belfort.
Participation des INSA : 10 participants : BLEAS François et Françoise (Promo Lyon-CM1961) – BULLIARD Jean-Pierre et Elisabeth (Lyon-EN69) – DELABRE Hervé (Rennes-GE93) – JORIOT Carine (Organisatrice – Lyon-GE2000) – METTELET Christian (Lyon-CC68)- RESTLE Jean (Lyon-CM66) – TIGIER Alain et Janine (Lyon-CM67)
Participation des URIS FC : 12 participants : BULLIARD Gérard et Madeleine (UTBM) – FLEURY Annette (ALSTOM) – MOREAU Pierre et Agnès (IPF) – POURRIER Jean-Michel et son fils (ENSAIS) – SICARD Frédéric, sa compagne et ses 2 jeunes enfants (ENIBe) – STROKOV Artem (ECP)
Intervenants :
· Michel RAISON Maire de Luxeuil (70)
· Jacques et Aline PRUDHON Notre guide, Président des Amis de Saint-Colomban
Soit un total de 25 participants.
Déroulement de la journée :
Nous commençons cette belle journée ensoleillée par un repas à l’Hôtel Mercure : chacun peut ainsi découvrir les nouveaux participants (merci aux Ingénieurs de l’URIS FC, ils ont bien répondu à l’appel !)
Au menu : apéritif maison – Verre de saumon fumé et faisselle aux herbes ou tarte fine à la tomate avec confiture d’oignons – Pièce de bœuf rôtie et son jus ou filet de limande pané à la sauce provençale – gâteau chaud et coulant au chocolat avec cœur de caramel au beurre salé ou tarte au citron sur coulis de fruits rouges – café – Vin compris (un excellent blanc d’Ardèche et un bordeaux rouge). Le tout pour 21€ par personne. Notre guide et son épouse, Jacques et Aline PRUDHON participent au repas et M. Le Maire de Luxeuil, Michel RAISON nous rejoint au café.
A 14h30 nous sommes rassemblés devant les fouilles au centre-ville de Luxeuil : Michel RAISON nous retrace l’historique de sa ville. Puis Jacques PRUDHON nous montre les fouilles et les nombreux sarcophages et nous explique leur histoire
Saint Colomban
Le marcheur de Dieu
Né (vers 540) dans le comté de Leinster en Irlande, formé à la vie cénobitique principalement dans le monastère récemment fondé de Bangor (banlieue actuelle de Belfast), Colomban, bien que doté d’une formation classique, est définitivement imprégné de la culture et de la spiritualité gaéliques de son île, que les Romains eux-mêmes ne parvinrent jamais à conquérir.
De là viennent assurément son attachement viscéral à la peregrinatio pro Christo, à l’alternance des périodes de vie cénobitique et érémitique, à l’importance du travail manuel, de l’ascèse et de la pénitence, mais aussi son indépendance envers l’épiscopat et sa fidélité indéfectible à la date de Pâques insulaire, voire à la forme de la tonsure monastique !
Le succès rapide de sa mission évangélique sur le continent, commencée dans les années 580 avec une douzaine de moines irlandais, manifeste une certaine aptitude à l’acculturation (que démontre sa maîtrise de la langue latine), mais témoigne aussi de réelles qualités humaines et spirituelles qui transparaissent dans la vie fraternelle de la communauté, dans le talent oratoire de son abbé mais aussi dans le souci permanent d’accueillir ceux qui, riches ou pauvres, sont à la recherche de soins médicaux ou de nourriture, de travail ou de protection, d’instruction ou du sens de leur vie.
Moine et prophète, solitaire ou prédicateur, Colomban ne craint pas les conflits lorsque sa conception de l’exigence évangélique est mise en cause : rejetant toute « langue de bois », il se heurte alors durement aux dirigeants religieux et politiques de la Gaule, particulièrement au roi Thierry de Bourgogne et à sa grand-mère, la reine Brunehaut. Condamnés à l’exil en 610, Colomban et ses vieux compagnons irlandais entreprennent alors un périple de plus de deux années à travers les pays actuels que sont la France (traversée de Luxeuil à Nantes puis de Nantes à Metz), l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche et l’Italie, lieu de la dernière fondation, Bobbio, où Colomban achève son pèlerinage terrestre en 615.
Par Philippe Kahn, historien, vice-président de l'association des Amis de St Colomban
HISTOIRE DU MONASTERE |
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Colomban accompagné de ses compagnons implanta son premier monastère à Annegray et il se retira fréquemment pour méditer et jeuner à la grotte située au dessus du village de Ste-Marie en Chanois.
Vers 590 il prit possession d’une ville gallo-romaine abandonnée, Luxeuil, pour construire son monastère avec l’église abbatiale ainsi que d’autres édifices.
L’extension rapide du monastère obligea Colomban à ouvrir un nouveau monastère à Fontaine situé à 6 km de Luxeuil
Le troisième abbé du monastère, Saint Valbert (629-670) était retiré dans son ermitage lorsque les moines de Luxeuil sont venus le chercher pour diriger le monastère.
L’ARCHEOLOGIE LUXOVIENNE :
En 2010 : projet de valorisation du
site archéologique de la place de la
République.
L'église Saint-Martin de Luxeuil-les-Bains,
compte rendu de la deuxième campagne de fouilles archéologiques
2009 - 2010 par Sébastien Bully.
Pour approfondir la démarche de recherche scientifique de Sébastien Bully, archéologue C.N.R.S.,
responsable du chantier de fouilles de Luxeuil-les-Bains, nous vous proposons
de lire le texte de son sujet de recherche publié sur le site du Centre
d'études médiévales d'Auxerre, en août 2009.
"Archéologie des monastères du premier millénaire dans le Centre-Est de la France" Conditions
d'implantation et de diffusion, topographie historique et organisation"
Un chantier archéologique au coeur de la ville de
Luxeuil-les-Bains.
L'ancienne église Saint-Martin .
L'église Saint-Martin, détruite seulement en 1797, est citée pour la première
fois dans un document du Xe siècle. Il y est écrit
que Valbert, troisième abbé de Luxeuil,
fut inhumé vers 670 "derrière l'autel, dans une crypte d'un travail
remarquable".
La fouille programmée
de cette église (découverte par les sondages de 2005), croisée à des
sondages opérés sur l'ensemble des places du centre ancien en 2005 et 2006,
doit nous permettre de reconsidèrer les conditions de
la fondation de l'abbaye à la fin du VIe siècle
par saint Colomban, moine Irlandais. Il s'agit également comprendre l'évolution
de la fonction funéraire et mémorielle de l'église Saint-Martin.
Différentes occupations de l'espace de la place de la République depuis 2000
ans
A ce stade de la fouille, le premier bâtiment en pierre reconnu
pourrait correspondre à un habitat urbain (domus?) du
IIe s. après J.C., (en
jaune sur la photo ci-contre) abandonné dans la première moitié du IVe s., auquel succède une
occupation tardo-antique. C'est durant cette
deuxième phase que s'est développé un espace funéraire avec des
inhumations en coffres de planches, en coffres de tuiles romaines (tegulae) ( photo ci-dessous)
et en sarcophages.
Les
sarcophages sont de plan rectangulaire et réutilisent parfois des stèles
funéraires antiques (voir photo ci dessus): des analyses radiocarbones sur ces
inhumations ont livré des datations comprises entre les IVe
et VIe siècle.
Elles pourraient être contemporaines d'une première église composée
d'une nef ouvrant sur un choeur à abside quadrangulaire et à chevet
plat.
C'est contre ce chevet que fut construite dans les année 670 ce qu'on
appelle la "crypte de saint Valbert",
crypte de chevet non hypogée (non enterrée), de plan quadrangulaire (3,60m x
3,60m), dont l'architecture élaborée (décors d'arcatures aveugles intérieures
induisant une voûte) traduit bien l'importance accordée à cet espace.
L'église fut ensuite reconstruite au IXe
siècle, peut-être sous l'autorité du grand abbé Anségise
(817-833), à partir du plan primitif de Saint-Martin auquel on adjoint deux
annexes latérales. Il n'est pas improbable que le transfert des reliques de
saint Valbert date de cette période carolingienne.
On continue d'inhumer à Saint Martin, comme le
démontre la reconstruction de la crypte externe comme annexe
funéraire orientale. Autour de l'an Mil, on assiste à la modification de
la fonction des espaces orientaux avec le transfert du sanctuaire à
l'emplacement de l'ancienne crypte et le décloisonnement des annexes
latérales sur l'ancien sanctuaire, qui aboutit à la création d'un
transept. C'est ainsi que se présentait Saint-Martin avant que sa fonction
monastique n'évolue vers un usage paroissial, à une date indéterminée, mais qui
pourrait se situer vers les XIIe - XIIIe siècle. A partir de là, les modifications
architecturales sont mineures alors que se perpétue la fonction funéraire
de l'église jusqu'à sa démolition en 1797.
La campagne 2009 verra l'achèvement de la fouille de l'église
Saint-Martin; elle devrait permettre de préciser la nature de cette première
nécropole de l'Antiquité tardive, antérieure à la fonction du monastère.
Il s'agira également de compléter le plan de l'église et de
déterminer la fonction de l'annexe nord, dont on présume qu'elle aurait pu
accueillir les reliques de saint Valbert lors d'un
premier transfert.
Sébastien Bully, archéologue C.N.R.S.,
responsable des fouilles de la place de la République à Luxeuil-les-Bains
L'Abbaye Saint-Colomban de Luxeuil,
lieu-témoin de l'Evangélisation en Franche-Comté
D'abord abbaye bénédictine jusqu'à la Révolution (1792) puis petit séminaire diocésain (jusqu'en 1985), les prestigieux bâtiments qui jouxtent la basilique Saint-Pierre sont occupés aujourd'hui par un Centre Pastoral et Culturel (Abbaye Saint Colomban) et un Collège catholique (Collège Saint-Colomban). L'architecture de la Maison, son passé imprégné de prière, de travail manuel et intellectuel, offrent un cadre idéal pour la réflexion, le silence, le ressourcement. L'ensemble des bâtiments et terrains est propriété de l'Association Diocésaine de Besançon.
La mission du Centre Pastoral et Culturel, confiée par l'autorité diocésaine, est tout à la fois de promouvoir l'art, la culture, la foi et d'accueillir des groupes qui tout au long d'une année en font la demande. Ces groupes organisent sur place retraites, sessions, séminaires, stages culturels, etc..
L'Abbaye de Luxeuil matérialise, bien sûr, le souvenir de la figure emblématique que fut saint Colomban, moine venu d'Irlande à la fin du 6ème siècle, issu de l'héroïque lignée des grands saints qui ont contribué à « faire » l'Europe... Elle nous invite encore aujourd'hui à nous ouvrir à l'Europe des hommes, des idées et des cultures...
La ténacité de Colomban, celle de ses successeurs, dont Valbert à Luxeuil, appelle à la même persévérance à laquelle Colomban, exilé, exhortait ses moines : « Ne soyez pas les hommes d'un moment. La patience est nécessaire pour tenir, et la valeur ainsi éprouvée de votre foi sera plus précieuse que l'or. Dans ce combat pour le Royaume, prenez les armes de la prière ... ».
Ainsi, l'Abbaye de Luxeuil, à travers ses
transformations au cours des siècles, reste un symbole tangible de l'héritage
reçu de nos devanciers dans la foi.
Nous avons à le faire
fructifier.
L'énergie qui est dépensée aujourd'hui à l’Abbaye l'est autant pour son animation que pour la conservation et l’embellissement de cette majestueuse demeure. Ainsi, l'organisation d'une foire aux livres et d'une brocante régulières par exemple sont des rendez-vous incontournables qui contribuent aux nécessaires travaux pour l'amélioration du confort du centre pastoral et culturel et la sauvegarde du patrimoine.
Le directeur de l’Abbaye St Colomban
La visite se termine à 17h30. Le séminaire abrite désormais un collège et offre des salles bien aménagées pour des séminaires d’entreprise, avis aux amateurs !
Nous remercions :
- Carine JORIOT pour l’organisation sans faille de cette belle journée
- Michel RAISON, le Maire de Luxeuil pour la présentation de cette belle cité,
- Jacques PRUDHON notre guide autour des fouilles pour la qualité de sa présentation
Site Internet à consulter : www.amisaintcolomban.net
Pour visiter le chantier de fouilles archéologiques avec un guide (d'avril à octobre) vous pouvez vous renseigner à l'Office de Tourisme de Luxeuil-les-Bains Tél : 03 84 40 06 41
Rédacteur : Jean-Pierre BULLIARD
Président de l’URIS de Franche-Comté
Président des Ingénieurs INSA de Franche-Comté