COMPTE-RENDU DE LA VISITE
DU MUSEE BULL à BELFORT
Le vendredi 12 juin 2009 (de 16h30 à 19h00)
Et le samedi 13 juin 2009 (de 9h30 à 12h00)
POUR LE GROUPE REGIONAL « FRANCHE-COMTE »
Cette visite organisée par les Ingénieurs INSA de Franche-Comté, s’est tenue sur le site BULL de
BELFORT – TECHNOPOLE - 6, Avenue des Usines - Bâtiment 16 - 90000 BELFORT - Tél. : 03.84.21.26.98 - E-mail : feb.belfort@orange.fr - Site : http://pagesperso-orange.fr/febbelfort |
Elle fut organisée en séparant les participants en deux groupes, pour permettre aux ingénieurs en activité de participer (le samedi matin, alors qu’une majorité de retraités participa le vendredi à 16h30).
Nous étions au total 22 Participants :
Le vendredi 12 juin à 6h30 : 9 participants
Pour les INSA : BULLIARD Jean-Pierre – Elisabeth - GUITTON Gilles et Catherine. TEMPE Li et Thomas
Pour l’URIS FC : BLONDEAU Michel – BRIGNON Jean-Luc – MILLY Francis.
Le samedi 13 juin à 9h30 : 13 participants
Pour les INSA : BULLIARD Gérard – Madeleine – CABURET Flora - FONTAINES Pierre et Chantal – VERGES Paul et Sylvie - WALTER Jean-Paul -
Pour l’URIS FC : SALVADOR Jacques et Martine – LARNAC Jean-Claude – DEMESY Virginie et Nicolas.
La visite s’est déroulée ainsi :
René BEURIER (de la Fédération des Equipes Bull) nous reçoit et présente son équipe, chevilles ouvrières de la restauration des machines :
Robert JEANBLANC : ancien programmeur BULL et passionné d’histoire.
Francis POISSON : ancien du Service Clients BULL (SEC)
Daniel LAUBY : ancien technicien SEC BULL.
Présentation de la FEB par René BEURIER :
Bull a connu son apogée dans le traitement mécanisé avec la carte perforée et la naissance de l’ordinateur dans les années 1950 et 1960. C’est en 1960 que débute réellement BULL Belfort sur l’ancien site des filatures DMC.
L’Association FEB (Fédération des Equipes Bull) compte 400 membres dont 60 à Belfort. Elle est située sur 3 pôles principaux : Massy, Angers et Belfort. Ses principales activités sont : la restauration des matériels collectionnés, les expositions et visites, l’histoire et les archives, la participation aux échanges, l’animation des clubs de micros, la communication et la généalogie.
Ses résultats sont significatifs depuis 20 ans : participation à 230 expositions et maintien de 2 ateliers mécanographiques à Belfort et Massy.
Histoire de Bull Belfort par Robert JEANBLANC :
Bull Belfort est née d’un évènement militaire (la guerre de 1870) : les Moulins à Papier de 1785 (AUSSEDAT) puis la Compagnie des Machines Bull (CMB) en 1933. L’usine de Belfort est implantée sur un site remarquable de 44 ha. Elle fut au préalable occupée par DMC, de 1880 à 1960. Bull Belfort y développa son activité de 1960 à 1992 et assura jusqu’à 2500 emplois. Actuellement, l’usine Bull Belfort sert de base au TECHN’HOM couvrant 4000 emplois. Bull Belfort garde en sa mémoire 30 années de grande activité et de succès. (note du rédacteur : j’y ai passé moi-même les 20 premières années, soit la moitié de ma vie professionnelle et ce fut une école de rigueur et de technologie qui m’amena à ma carrière à « ALSTOM Power Conversion » dans d’excellentes conditions de formation à la vie industrielle. Je n’oublierai jamais Bull Belfort, car je lui dois tout !!!). Bull Belfort a développé et fabriqué 75 types de produits différents. Actuellement la municipalité belfortaine s’oriente vers un site de l’innovation (projet miroir).
Histoire de la mécanographie par Robert JEANBLANC :
- 19ème siècle : émergence de la révolution industrielle, création de l’électricité qui va entrer dans les machines
- Début de l’automatisation des processus industriels :
o Orgue de barbarie (fonctionne à carte perforée),
o Métier à tisser de Jacquard (fonctionne aussi avec des cartes perforées),
o Autres réalisations d’automates : le joueur de flûte (Jacques de Vaucanson), l’homme-vapeur
- Principe de la mémoire à perforation : un ou plusieurs trous dans un support résistant : le support est généralement une bande de carton ; la bande défile devant un dispositif de lecture (mécanique, pneumatique ou électrique) ; chaque trou a une signification précise selon son emplacement, la machine et le travail à effectuer. C’est donc déjà une mémoire-programme sur bande. Les caractéristiques de cette mémoire sont : une lecture automatique, une information permanente, une capacité variable et théoriquement infinie (il suffit d’augmenter le nombre de cartes), un code spécifique à la machine.
- 25 décembre 1882 : naissance de Fredrik Rosing BULL
- 23 septembre 1884 : Hermann HOLLERITH dépose son premier brevet de classification des statistiques. Les premières machines sont utilisées pour le recensement de la population aux USA en 1890.
- 31 juillet 1919 : Fr Rosing BULL dépose le premier brevet pour une machine à cartes perforées. Elle y comporte les fonctions d’enregistreuse, d’additionneuse et de trieuse. La machine à statistiques de l’époque est en laiton, elle sera commercialisée en 1923.
-
Juillet 1924 : Thomas John
WATSON crée IBM (International Business Machines).
-
1925 : Fr Rosing BULL décède d’un
cancer.
- 1928 : H.W.EGLI, un industriel Suisse, acquiert les droits industriels et les brevets de Fr Rosing BULL
- Mars 1931 : la société H.W.EGLI-BULL est créée au 92 avenue Gambetta à Paris, lle restera le siège de BULL à cette adresse.
- Décembre 1931 : REMINGTON RAND tente de racheter les droits de H.W.EGLI qui constitue un syndicat qui deviendra majoritaire en avril 1932.
- 1933 : H.W.EGLI-BULL devient CMB, Compagnie des Machines BULL.
- 1952 : création du calculateur électronique GAMMA 3 de la CMB (réalisation en tubes électroniques, les fameuses lampes-radio).
- 1955 : le mot « ordinateur » apparaît dans le monde pour la première fois.
- 1959 : l’ordinateur 1401 d’IBM est transistorisé.
- 1960 : l’ordinateur GAMMA 60 de la CMB est transistorisé et fonctionne avec une mémoire de ferrites.
- 1962 : le mot « informatique » apparaît dans le monde pour la première fois.
La carte perforée par Robert JEANBLANC :
- L’essor de la mécanographie est lié à l’invention des cartes perforées permettant de conserver les informations codées sur des supports manipulables qui peuvent être lus – automatiquement – et ordonnés en fichiers.
- Les cartes perforées représentent une technologie de mémoire dont la capacité est théoriquement illimitée.
- 1944 : MARK 1 est le premier ordinateur aux USA, construit par AIKEN, pour étudier la trajectoire des particules dans les tubes à vide. Cette machine pèse 4 tonnes.
- 1946 : l’ordinateur ENIAC pèse 30 tonnes.
- 1965 : création du langage BASIC.
- 1948 : ASCC est le premier ordinateur anglais.
- 1952 : l’ordinateur UNIVAC est la première machine achetée par « GENERAL ELECTRIC » en 1953.
- La codification de la carte perforée : une carte comporte 12 lignes de 40 colonnes ou 12 lignes de 80 colonnes. Chaque colonne est codée par des trous pouvant se situer sur chacune des 12 lignes. 10 lignes servent à coder les 10 chiffres de 0 à 9. Il existe plusieurs types de codages :
o Le codage AN7 qui code les 26 lettres de l’alphabet (par deux trous par colonne) et les 10 chiffres (codés par une seule perforation par colonne). AN signifie alphanumérique,
o Le codage HOLLERITH H16
o Le codage T116 (code Bull étendu) avec 3 perforations par colonne.
Les machines Bull à cartes perforées par Robert JEANBLANC :
- La perforatrice P80 (1932) est la première machine poinçonneuse à main. C’est une machine mécanique qui perfore, colonne par colonne les codes des caractères frappés sur son clavier.
- La perforatrice PELROD (1940) est une perforatrice électrique avec clavier alphanumérique, à 2 claviers et 80 colonnes. Elle sera commercialisée en 1948.
- La vérificatrice VINOD : vérificatrice électrique à option dactylographique créée en 1950.
- La traductrice créée en 1935 : elle permet d’interpréter les perforations de la carte avec l’impression en clair es données sur le bord supérieur de la carte :
o La TRAD80 : traductrice 80 colonnes, vitesse de 60 cartes par mn.
o La TRAD CC (1966) : traductrice colonne par colonne, d’une vitesse de 13 cartes par mn.
- L’ordonnancement des cartes : la trieuse de cartes : elle permet le classement d’un lot de cartes perforées sur un identifiant donné.
o La trieuse E12 (1929) : l’opérateur choisit la colonne à trier en déplaçant manuellement un balai. Son entraînement se fait par chaîne. Il y a 14 cases de réception. Elle ne réalise pas le contrôle du tri. Sa vitesse est de 400 cartes par mn.
o Les trieuses D1 et D3 (1943) : l’entraînement des cartes est réalisé par galet. Elles comportent 14 cases de réception, réalisent le contrôle du tri, ont un dispositif à P cartes. Leur vitesse peut atteindre 700 cartes par mn.
- La reproduction et l’interclassement des cartes :
o La PRD (1943) : Poinçonneuse, reproductrice et duplicatrice. Elle permet la duplication de fichiers identiques. La programmation est affichée (par strappage). Sa vitesse est de 120 cartes par mn.
o L’INTER-B (1951) : interclasseuse, permet d’appareiller des lots de cartes perforées sur un identifiant afin de fusionner, séparer et sélectionner des fichiers. Sa vitesse est de 250 à 500 cartes par mn.
- Le calcul, l’édition et la reproduction :
o La BS120 (1941) : tabulatrice, réunit les 3 organes : poste de lecture, imprimante et perforatrice. Elle exécute les 4 opérations. Elle est dotée d’un système de programmation amovible (par mise en connexion du tableau de strapps). Sa technologie est électromécanique (à relais).Sa vitesse est de 150 cartes par mn. Elle imprime de 92 à 102 caractères contigus et possède 7 à 10 totalisateurs rotatifs de 12 roues.
Le calculateur BULL GAMMA 3
Il a été conçu en 1952. Son cycle de base est de 172 microsecondes. Il est fait de mémoires circulantes à tubes et condensateurs. Pour comparer au microprocessor 8088 d’INTEL (sorti en 1979), le calculateur GAMMA 3 met 4 fois plus de temps pour réaliser une addition sur 12 caractères. Il met 24 fois plus de temps pour une multiplication de 6 X 5 chiffres. Le 8088 intégrait 29000 transistors et avait une vitesse d’exécution de 640000 instructions par seconde.
BULL aujourd’hui :
BULL de nos jours s’est orienté vers les grands serveurs et calculs de haute performance. En 2006, BULL a livré un TERA 10 faisant 50.000 milliards d’opérations par seconde. BULL a aussi installé un supercalculateur GENCI de 300 Téraflops avec des doubles processeurs par nœud, chaque processeur étant lui-même un QUAD. Avec JUROPA, BULL s’oriente vers 10 puissance 15 opérations par seconde. HPC FF est prévu pour réaliser les calculs de fusion nucléaire avec ITER.
BULL compte aujourd’hui 7000 personnes dont 4000 en France aux Clayes-sous-Bois et à Massy.
Démonstrations :
L’Equipe FEB nous a présenté les machines du musée et les a fait fonctionner devant nous (voir les photos ci-après).
Merci encore à René BEURIER et à toute son équipe : Robert, Francis et Daniel pour leur accueil et cette excellente présentation !
Jean-Pierre BULLIARD
Président de l’URIS de Franche-Comté
Président des Ingénieurs INSA de Franche-Comté
Voici les photos-souvenirs :
La salle du musée BULL Panneau de programme strappé
Tabulatrice Trieuse
Perforatrice
Perforatrice : Thomas TEMPE Gilles GUITTON Jean-Pierre BULLIARD
Francis POISSON et la trieuse